Dead or Alive.

Pan. 150 visites de personnes espérant voir des filles en bikini. En faite, deux ans après la sortie du jeu sur console de salon, un réalisateur japonais connu pour ces films sanglants, Miike Takashi, signe un film au même titre mais au contenu bien différent.

Basiquement, DoA est un film de yakuza. Nous suivons deux destins croisés au japon. Jojima, flic tête brulé qui passe son temps à courir après la pègre nippone en négligeant son foyer, et Ryu, fils d’immigré « plus vraiment chinois, mais pas tout à fait japonais », qui compte bien se tailler la part du lion dans les trafics de drogues entre japonais et taiwanais.

On pourrait se dire à la vue d’un tel synopsis que l’on aura droit à un film d’action, bourré de trahisons et de retournements. Et pourtant, il nous tient en halène pendant une heure quarante sans broncher de son fil directeur. Après une scène d’introduction totalement abstraite, absolument jouissive, et complètement trash, l’histoire prend son temps pour se dévoiler. Les scène s’enchainent sans fin entre la recherche d’informations de Jojima, son quotidien familial fort peu joyeux avec sa fille atteinte d’une maladie grave, et les pérégrinations de Ryu et de sa bande de voyous, enchainant casses et confrontations avec leurs concurrents. Sans fin, parce que l’histoire saute d’un personnage à l’autre sans temps mort, dans une espèce de sarabande visuelle qui force plus à réfléchir aux liens entre qu’a l’action proprement dite.

En termes d’actions justement, et malgré quelques scènes abrasives, les trois quarts du film sont presque doux. Les personnages principaux et secondaires se dévoilent les uns après les autres, dans des dialogues que ne renierait pas Tarantino (il avoue lui-même s’être beaucoup inspiré de se réalisateur). Le tout servit par du comique de situation assez improbable, qui fait qu’on se demande si l’on nage vraiment dans un film de mafieux ou dans un délire parodique. Entre des indics pervers qui font des photos de femmes se faisant prendre par des chiens, un bègue junky voulant devenir chef de secte, et un poulet géant, le rire est toujours là, en filigrane.

Car parodie il y a, à tout les niveaux. Les personnages sont très typés :

- Jojima est un flic, un vrai. Doublé d’un homme qui en a une paire. Il assume sa famille et son job comme un bon père japonais, malgré quelques fricotages avec les yakusas. Jamais le dernier pour tataner du loubard, toujours sur le qui-vive, il donne du fil à retordre à ses supérieurs qui commencent à le voir comme une bête noire.

- Ryu est un méchant, un vrai aussi. Chaque plan nous le montre tellement méchant que cela en devient comique à souhait. Toujours vêtu de la couleur officiel des méchants (noir quoi), portant des lunettes de soleil de méchant, une moto de méchant (noir aussi). Il ne parle presque jamais, et toujours de manière méchante, hargneuse. Son visage est en perpétuel rictus, et ses actes finissent de faire comprendre qu’il est vraiment méchant. Il a même droit à sa scène dans les flammes, comme tout bon méchant japonais qui se respecte.

- Toji, le frère de Ryu, est le petit frère gentil du méchant. Naturellement bon et ouvert, il découvrira avec effarement à quel point son grand frère est un vilain garçon.

- Sayu, la fille de Jojima, est l’illustration parfaite de la petite conne japonaise. Toujours en train de faire la tronche, ne répondant jamais à ses parents, l’air totalement blasé quoi qu’il se passe. Malgré le faite que ces géniteurs se démènent pour lui sauver la peau, on dirait qu’elle rêve constamment de suicide.

Malgré tout, le film est captivant. Le rythme soutenu et speed nous tient bien confortablement dans l’univers déjanté et pourtant terriblement réaliste du japon vu par Miike, l’histoire basique suffit à rendre le tout intéressant, et puis il y a la fin. Véritable chef d’œuvre du n’importe quoi, Miike avait dit pour se justifier « J’ai essayé de me mettre à la place du spectateur. Une scène de fin en duel est plutôt banale, et il risquait de s’ennuyer. » Alors il a fait un duel vraiment pas banal.

Du sexe, du sang, des tripes remplies de nouilles, et du rire ; voila la recette de Dead or Alive, premier du nom. Deux autres opus ont suivis cet hymne à la folie, mais pour le moment votre serviteur n’a pu encore les visionner. Le DVD est trouvable facilement en boutique ou via le net pour un prix résolument modique, et vous permettra de frimer devant vos potes à la fac de ciné, voir d’initier de jeunes gens aux films japonais de la fin du siècle dernier.

One.

Two.

One, two, three, four.

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