Robotto Hunter-o.

Hier après-midi, l’épisode final de Casshern Sins se finissait sur mon mignon Personnal Computer. En tant que fan global (et non pas de la première heure) de la franchise, voici un aperçu de ce qui a transité sous mes yeux ses quelques dernières années.

L’affiche FR officielle du film.

Sortit en France en 2005, Casshern m’est apparu peu avant sur Arté, dans l’émission Tracks ou ils diffusaient le trailer. Sortant quelques années auparavant de Matrix, l’excitation était à son comble pour ce qui apparaissait alors comme un défonçage vigoureux de robots belliqueux par un bô héros tout de blanc vétu. Que nenni, le film de Casshern condense la série originale, reprenant la trame principale, a savoir un savant un peu foufou qui développe un robot chargé de stopper la pollution planétaire qui devient critique : le bien nommé BK-1. Le problème étant que ce robot développe tellement son objectif qu’il en vient à vouloir supprimer l’humanité, perçu comme le plus grand danger pour l’environnement. Casshern, Tetsuya de son petit nom si vous voulez tout savoir, est le fils du savant, qui se sent obligé de passer dans une machine ressemblant furieusement à celle que l’on trouve dans le film La mouche (de David Cronenberg) afin de fusionner avec une carcasse d’androïde en pleine conception afin d’aller latter le vilain robot.
Aventure et baston, mais pas trop en faite. Le film dure dans mes souvenirs deux bonnes heures (peut être un peu plus) et est digne des plus grands nanars de Hong-Kong, dans le sens ou ellipses temporelles et agencement des scènes ne ressemblent strictement à rien. Le tout offre une histoire surréaliste, véritable apologie des fonds verts et des filtres artistiques, et les combats, malgré une recherche chorégraphique importante, un bordel sans noms. Il faut s’accrocher pour accrocher au film justement, et le rendu ne conviendra surement pas à tout le monde, trop fumeux sur les bords (ami enclin à dénigrer Evangelion, passe ton chemin), mais en rentrant dedans on sent une envie de faire quelque chose d’original, avec un scénar pas si stupide que ça. Normal, vu qu’il date de 74.

TF1 vidéo, oui.

Casshan : Robot Hunter est une série de quatre OAV, sortit en 93 au japon. L’édition française est sortit en 2006. Il s’agit d’une remise au gout du jour de la série, condensée en quatre épisodes racontant rapidement les actions de notre super héros : l’apparition de Casshan qui sauve les pauvres humains réduits en esclavage, les doutes de Casshan sur sa mission (rassuré par un cygne mécanique qui projette une aurore boréale contenant une image résiduelle de sa mère, srsly), les actions de Casshan contre le Roi Noir (Black King, alors que dans Sins, le gropabo se fait appeller Brain King. Vous aurez d’ailleurs noter la traduction de Casshern en Casshan.) et enfin le combat final qui est tout simplement splendide.
A ce sujet, et si les décors sont assez travaillés, l’animation n’est pas terrible pour un OAV de cette époque, mis à par le combat final donc qui est bluffant de technique et amorce d’une certaine manière ce que sera Casshern Sins. On retrouve nos marques dans ce condensé, et c’est tant mieux pour ceux qui ne voudraient pas forçément se taper les 39 épisodes de la série originale. Casshern, Luna, Friender, BK-1, tout le monde est là pour se tataner la yeule dans la joie. Les doublages français sont plus que correctes, principalement dut au faite qu’un effet électronique à été ajouté à toutes les voix des robots.
Le vrai-faux problème étant qu’on aurait la fausse impression de se faire méchamment spoil si on le regarde avant Sins, alors qu’il n’en est strictement rien, vu que Sins se passe certe bien après, certe avec les mêmes personnages, mais casse complètement les rapports originaux entre eux.

Art officiel.

Et donc, Casshern Sins. Sortit l’année dernière, en 24 épisodes juste au poil, il s’agit d’un véritable renouveau de la série. En gardant en main les cartes principales (Casshern, Friender, BrainKing Boss, Luna, la pollution ici appellée Anéantissement), mais en modifiant tout les codes originaux, elle brise son carcan original et ose autre chose. Quant on voit le but avoué par Anno Hideaki pour son projet Rebuild of Eva, on est en droit de se dire qu’il s’est fait griller par le vieux Casshern.
Casshern Sins, c’est avant tout l’uchronie d’une histoire original. Les personnages jouent des roles bien différents, mais en gardant la force de ce rapport à l’humain. Notre sautillant galopin conserve ses états d’âmes de mi-homme mi-robot, rejeté par tous et ne trouvant pas la voie pour rejoindre l’un des camps. Présenté comme un tueur absolu, il gagnera une part d’humanité tout au long de l’épopée, graçe à des rencontres plus improbables les unes que les autres, mais en ayant toujours ce rapport bizarre avec le monde en tant que tueur, pécheur, et au fond, pas complètement humain. Malgré l’amour qu’il développera pour l’un des protagonistes de l’histoire, nous ne les verrons jamais s’embrasser. Une distance, toujours.
Luna conserve un seul de ses traits. A savoir, être un espoir pour l’humanité. A par ça, c’est le soleil et la lune entre les deux versions (LOLBLAGUE), et c’est tant mieux. La blondinette un peu potiche original n’étant pas si intéressante que ça. Nous avons ici à faire avec une semi-déitée, aux pouvoirs visibles mais aux actes totalement abscons, clairement hors de la réalité.
BrainKing, je n’en parlerais pas. Déjà, parce qu’il apparait peu (en gardant quand même une forme d’énorme fan-service au dernier épisode), et ensuite parce que cela serait viollement spoilant. Sa clause première semble pourtant toujours active.
Friender n’a toujours pas de voix. Il est toujours fidèle, bien que pour des raisons différentes cette fois. Et pis voila hein, un chien reste un chien, même si il est robotisé et qu’il crache des flammes.

Les autres personnages sont tous originaux à cette version de l’histoire, et, peu ou prou, servent tous le propos et l’évolution de Casshern.

Autant en 74, le fond écologique était en phase avec l’actualité, vu que les premiers problèmes mondiaux apparaissaient, et que le Japon était touché par ce phénomène nouveau, émergé de l’industrialisation intensive. Actuellement, l’un des plus gros problème est la vieillesse. Le japon est un pays de vieux, et Casshern Sins parle avant tout… d’immortalité ! La peur constante de la mort, inhérante aux humains, l’aberation de Casshern qui est le seul immortel, les dons de la déesse Luna qui « sauvent » la vie en tuant la mort. Avec force questionnement sur le sens d’une vie sans fin, d’un monde statique et improbable.

Casshern est un démon, mais un bon démon. Chargé au final de remettre les pendules à l’heure quand le monde déraille et rentre dans une auto-chronophagie, voilà en quelque sorte la finalité de sa quête existentielle. Triste destin d’un homme-robot chargé de veiller sur l’humanité bien malgré elle.

La série se lottit en sus de qualités indéniable. Les décors sont magnifiques, comme le soulignait Kyouray, et on reste en contemplation durant, à la louche, 100% de la série. Les personnages ne sont évidemment pas en reste, avec des design revu et corrigés, plus fins, plus élancés, très aériens, comme pour dénotter une incohérence avec une terre lourde et chargée de problèmes. La musique est tout simplement magistrale, accompagnant l’action d’une manière parfaite. L’opening, le même pour les 24 épisodes est très sympathique et se laisse écouter par tous, même les réfractaires à la j-pop. Sa réalisation original en une succession de plans fixes est assez étrange mais met bien dans l’ambiance ouvertement rétro de la série. Les ending tout peace & love concluent gentiment chaque épisodes, calmant le spectateur après la débauche de violence quasi-constante. Seule « la chanson » de la série, réutilisée abusivement durant les dernies épisodes devient un poil gonflante à force de répétition, même si elle est très jolie. L’animation est tout simplement parfaite, du début à la fin, tout le temps. TOUT LE TEMPS. Pas une faute de gout, un bras mal animé, des cheveux aux vents floutés, une démarche immonde, rien. Le sans faute.

Dans le fond, le véritable tour de force de Sins est de permettre aux amateurs de plonger dans cet univers sans qu’ils aient besoin d’avoir visionné les précédentes moutures, vu que tout le monde est un peu largé à l’ouverture. Ce qui n’est fondamentalement pas le cas du Rebuild sus-nommé.

Si j’en parle avec autant de vigueur, si j’encourage les gens à sauter dessus, si je n’hésiterais pas à encourager les maisons d’éditions à le faire paraitre chez nous, c’est parce que c’est vraiment un anime merveilleux, l’un des rares méritant son 10/10 sur Mye-penisList.

Qu’attendez vous ?

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