Une drôle de temporalité.

Ouais, écrire deux articles en même temps est un concept nouveau pour ma part, même si le second sera pour dans un petit moment au rythme ou ça va. Il y a eu Simoun, mais le cas était différent vu que j’ai pris le temps de revoir et relire pas mal de choses sur le sujet. Mais là, présentement, à presque 4 heure du matin, j’ai une furieuse montée de fanboysme aigu.

Je joue à des J-rpg depuis environ mes 13 ans. A cette époque de débauche playstationnesque, j’avais mis là main sur Suikoden, premier du nom. Comme certains le savent peut être, le premier épisode était sortit en Europe en version non localisée, en anglais. Couplé avec une prof d’anglais très concernée par mon cas, j’ai pris à cette époque du power-up sur la langue, à tel point que j’ai pu me lancer, généralement par le biais de la vilaine émulation prout caca, dans divers rpg dont le rayonnement était encore un peu obscur : Les SaGa, Seiken Densetsu, Ys et autre Final Fantasy faisaient ma joie, et au milieu il y avait Chrono Trigger.

Pas la peine de revenir sur ce qui est souvent décrit comme un des meilleurs j-rpg de tout les temps, Chrono Trigger restera chère à de nombreux cœurs, pour des raisons divers et variées. Étonnamment, et pour ne pas changer de mon habitude râleuse et à contre-courant (« Quand on est un artiste, c’est toujours plus classe d’être dans l’opposition » à dit quelqu’un), je préfère largement sa suite indirecte, Chrono Cross.

Razzly et Draggy, deux des nombreux personnages de l’aventure. Namu.

Chrono Cross, pour moi, c’est l’aventure avec un grand A, que ne renierait pas Justin. Celle qui nous fait regarder le ciel et aller de l’avant, les mains dans les poches et l’esprit libre de tout soucis. Le divertissement est porté à son comble durant tout le jeu, entre les mélodies enjouées, tristes, sombres ou épiques qui nous enchantent les oreilles, les visuels colorés et chatoyants, les divers personnages tous haut en couleurs et avec la langue bien pendue (et leurs accents, raaaah, idée de génie furieux). Les circonvolutions complexes du scénario, parfois pas forcément très bien rendues (les monologues de fin sont un peu lourds et pas très bien amenés), n’oublies pas pour autant de réaliser le but premier du jeu : faire rêver le couillon qui a le pad dans les mains.

Finalement, la grande réussite du jeu est de nous amener à plonger corps et âme dedans. Et pas un simple corps et âme comme on peut en lire sur des review de feufeu, mais quelque chose de plus profond et intime. On se plait à parler aux personnages, à lire leurs vie, à découvrir un monde neuf qui nous est amené, à un point rarement atteint dans ce genre de production. Jouer a Chrono Cross, c’est presque lire un roman ciselé par l’équipe de développement, et appréhender leurs envies, leurs doutes, leurs amours. Une ballade en barque, tel celle de Serge, évoluant dans les méandres des cerveaux qui ont accouchés de cet univers.

Kid sur la plage d’Opassa. Sunakumo.

Si j’en parle aujourd’hui, tout en écoutant pour la pénultième fois ces musiques enchanteresses, c’est parce que je viens enfin de voir la fin, la good ending. Après 10 ans à attendre, à l’époque ou j’allais quémander 600 francs pour l’avoir en import (info : je l’ai pas eu), celle ou j’y jouais sur une play pucée avec le jeu en noir et blanc (vive la télé qui gère pas le NTSC, pratique pour un jeu basé sur la couleur), et enfin avoir pu mettre la main sur une version potable et un émulateur qui ne chie pas dans la colle. 10 ans. Merde alors. 10 ans, une larme de joie, un cœur bouillonnant, des lèvres tremblantes à chaque ligne du dialogue final, l’impression qu’on se liquéfie tout en explosant en petites miettes, le vent qui souffle aux oreilles et l’odeur saline qui se répand dans les narines, le sentiment du devoir accomplit. Je me suis pris un retour de dix ans dans les dents, sans parachute, et ca fait un bien fou, à tel point que je vous bassine depuis dix minutes de superlatifs.

Etrange sentiment que celui qui suit la fin d’un jeu de rôle. Nous mettons beaucoup de nous même dans le processus, et cela s’en ressent grandement au final. Avoir de réels sentiments pour des lignes de codes qui bougent sur un écran, qui resplendissent de vie, voilà quelque chose de paradoxal. Quelque chose que seuls vivent des gens un peu bizarre, prêt à passer leur temps libre sur un livre, un jeu, une série et à s’immerger au point de ressentir profondément des émotions, quelque chose de mal vu encore de nos jours mais de fondamentalement bon. Un peu avant de commencer à taper, je me prenais la tête sur le sujet, et vous savez quoi ?

FUCK

OFF

J’ai vécu un moment formidable, en compagnie d’être fantastique dans un monde merveilleux, j’ai ressentis des émotions, j’ai pleuré et j’ai ris, j’ai jouis et j’ai été frustré, je suis mort et j’ai vécu tout au long de cette petite quarantaine d’heure étalé dans une faille temporelle que ne renierait pas Crono et ses potes. J’étais dans mon Home World et je voyais un Another World, un monde ou j’aurais aimé vivre, ou je ne vivrais pas. Pas de mélancolie, attention, vu que le jeu le permets pendant un temps, un temps appréciable et apprécié. Le Temps lui même se déchirait sous mes yeux ébahis, face à la violence et la haine, le tout finalement balayé par une harmonie simple. Oui, l’amour et l’amitié, je sais que ca fait cheezy, mais amené de cette manière, on reste un peu baba devant. Pas de grandes phrases à la con, pas de masturbation déplacée, juste de bons moments. Je le dis sans honte, j’aime ce jeu, et je pense franchement que tout amateur doit le faire. Oublier les on-dit et autres ragots de taverne, et profiter du temps alloué.

Les Radical Dreamers existent, je le sais, j’ai passé du temps avec eux. Je peux témoigner que nos rires résonnent encore, sous un ciel céruléen.

Vers un nouveau rêve…

8 Responses to “Une drôle de temporalité.”

  1. Fëa dit :

    Tous ces héros, tous ces aimables personnages qui préfèrent sauver la princesse plutôt que laisser tomber et sortir avec la fille de la voisine vivent encore en chacun des joueurs de rpg. Tous ces Chrono, Cloud et autres Max font partie de nous, ont déteint sur nous. Pas sur le besoin irrésistible d’aller tataner du lapin mutant à grand coup de Masamune, mais sur l’envie de découvrir des personnes, d’apprendre à les apprécier malgré les différences, et d’aller vivre des aventures formidables, comme prendre de la samouraï au lieu de la sauce blanche, ou encore faire des barrages sur une plage Normande à marée descendante.

    Ils vivent au delà du jeu, on se souvient d’eux comme des mentors, ou des amis, au moins.

    M’enfin, en nous, ils doivent quand même bien se faire chier.

  2. Fëa dit :

    Et oui je lis ton blog sale connard d’ex-biker à cheveux courts reconverti dans l’examen (putain j’avais noté « examination ») scientifique des phénomènes Kawaï de notre société vidéo-ludiqe.

  3. Aer dit :

    Oh wow, un ectoplasme blondinet d’un passé révolu. Je ne pensais pas qu’un tel texte te toucherait au point que tu laisses des traces indélébiles.

    Je te salue bien bas, ceci dit (et j’me suis aussi mis à la samouraï ~~).

  4. Fëa dit :

    Révolu ? Outrage ! Les DDA ne meurent jamais ! Et bien sûr que ça me toucherait, me parler, à moi, de raulpléhigne guéhimz, je rapplique en courant. Grâce à mes nouvelles bottes en peau de serpent cobalt qui sont un peu moins bien que les précédentes niveau stats mais qui me filent +8% vitesse de déplacement et ça c’est agréable.

  5. Aer dit :

    Ouais enfin t’es toujours pauvre, avoues.

  6. Fëa dit :

    Coupable.

  7. Mackie dit :

    Un titre d’article différent, donc attirant ; un ton personnel, qui raconte quelque chose ; de belles images pour illustrer. Mais c’est que tu me donnes envie d’en savoir plus. Par contre, je vais passer pour un …newbie, question d’habitude, mais pourrait-tu donner une ou deux infos sur l’histoire ? ok, je sais j’ai qu’à cliquer sur les liens, mais je suis aussi une grosse feignasse…

  8. Aer dit :

    Hum ben les liens expliquent pas vraiment grand chose sur l’histoire, ou à des niveaux un peu complexe. Bon après, je partais du principe qu’un peu tout le monde devait connaitre, au moins de loin. En gros, le pitch de l’histoire : ton petit héros, Serge, se retrouve projeté dans un monde parallèle ou il est déjà mort et il cherche un peu à savoir pour quelles raisons (vu que dans son monde tout va bien). En très gros hein.

    Après je t’enjoins a d’abord jouer à Chrono Trigger si ce n’est pas fait, et ensuite tester celui la.