CAC40, Nasdac et trous de vers.
Sous ce titre un peu bigarré se cache en faite quelques recherches effectuées après visionnage de la double série Divergence Eve/Misaki Chronicle. Une aventure spatiale assez sympathique, hélas surtout connue pour ces poitrines surabondantes. Malgré ce coté fan-service agaçant (et totalement dénué d’intérêt), l’histoire proposée est louable, et surtout, elle va taper dans ce que l’on appelle communément la Hard Science.
L’histoire se passe en l’année 2317, dans un système solaire lointain. Environ deux cent ans auparavant, l’humanité découvre une rupture du continuum espace-temps à proximité de l’un des satellites de Saturne (merci Trit’), Titan. Appelé « Trou d’Inflation », ce « passage » ouvre la voie vers l’exploration de notre galaxie, et les divers scientifiques s’empressent de balancer sondes, pionniers et colonies humaines un peu partout. Mais, fatalement, il y a un léger problème : il apparaît rapidement que des êtres d’une autre dimension pas très amicaux (et très moches) se servent de ces trous pour tenter de pénétrer dans notre univers.
Pour commencer, intéressons nous à ce terme étrange : « Trou d’Inflation », Kézako ?
L’Inflation cosmique est un théorème développé par Alan Guth en 1970 (cosmologiste au MIT) qui permet de résoudre un paradoxe un peu surprenant de notre univers : le faite qu’il soit Homogène (ces caractéristiques sont semblables en tout points) et Isotrope (sa structure est semblable en tout point). En effet, il apparaissait aberrant que des régions de l’univers n’ayant pu s’échanger des informations depuis des milliards d’années soient semblables (Problème de l’Horizon) et le faite que notre univers paraisse plat comme au premier jour du Big Bang (Problème de la Platitude). L’Inflation cosmique est donc apparue à un moment donné au commencement de l’univers, pendant ou juste après l’Ere de Planck (entre 10 puissance -43 et 10 puissance -35 seconde par rapport au temps zéro, c’est-à-dire au moment de la formation des atomes tels que nous les connaissons). Pour vulgariser, disons qu’a ce moment là l’univers à enfler de manière incroyablement rapide, ce qui lui a permit de conserver les données originelles « d’un bout à l’autre » de son expansion. Par rapport à notre univers actuel, je vais reprendre la phrase trouvée dans wikipédia à ce sujet vu qu’elle est très explicite :
« Schématiquement, c’est un peu comme si l’on agrandissait très rapidement une région de l’univers, jusqu’à ce que celle-ci devienne aussi grosse que l’univers observable, voire plus. Dans ce cas, si la région initiale est au départ homogène, alors on aura au final une région homogène, mais qui désormais englobe l’univers observable tout entier. »
Bon, c’est bien joli tout ça, mais quel rapport avec le faite de voyager à une vitesse supra-luminique ? J’y viens.
En règle générale en science-fiction, le voyage spatio-temporel s’effectue grâce à des Trous de Vers (Wormholes en anglais), qui sont intimement reliés aux Trous Noirs. Je vois enjoins à compulser ce dossier du site Futura-Sciences qui explique ça très bien, si le sujet vous intéresse (Attention, il demande quand même quelques connaissances). Grosso modo, le Trou Noir est une porte d’entrée/sortie qui permet d’emprunter des passages afin de se déplacer dans l’univers, d’où le terme Trou de Vers. Pourtant dans Divergence Eve, malgré le patronyme de Trou, il apparaît clairement qu’ils n’emploient pas ce type de passage. Les vaisseaux spatiaux qui font le voyage entre la base de Titan et L’Antre des Guetteurs (le lieu principal de l’action) sont simplement téléportés instantanément d’un lieu à l’autre. Téléportation en physique quantique, cela n’existe pas. Nous avons donc affaire à une superposition quantique.
WTF ?
Oui, wtf ? Art officiel.
Mais si voyons, vous avez surement déjà entendus parler du Chat de Schrödinger. Erwin Schrödinger imagina cette expérience en 1935 afin de démontrer qu’un de ces collègues était un petit idiot. Pour vulgariser, l’expérience implique un chat enfermé dans une boite avec un paramètre quelconque et, surtout, mortel. Tant que l’observateur humain n’ouvre pas la boite pour savoir si le chat est vivant ou mort, il est considéré comme étant dans les deux cas, vivant et mort. Cela implique tout un fatras de probabilités qui amène à ce genre d’impossibilité. Si, dans le cas d’un atome, le paradoxe est facilement acceptable, il est plus étrange à concevoir lorsque l’on prend un sujet tel qu’un chat, qui lui sera soit vivant soit mort. Dans Divergence Eve, c’est un peu pareil : Le Trou d’Inflation amène un objet (ici un vaisseau) à se trouver à deux endroits de l’univers au même moment. A la base de Titan et à l’Antre des Guetteurs.
Mais alors me direz-vous, pourquoi appeler ça un « Trou » ? En faite, le vaisseau n’est pas vraiment téléporté en un instant, l’Univers ne le permettrait pas. A la place, un trou se forme et aspire l’objet/vaisseau afin de le faire passer dans une dimension parallèle qui, de là, le ramène dans la notre en un autre lieu (Espace), mais au même moment qu’au départ (Temps).
Ok, mais dans ce cas là, quel rapport avec l’Inflation ? Eh bien, apparemment, l’auteur a gardé les propriétés induites des Trous Noirs, à savoir que la matière y pénètre, mais est totalement écrasée. Pour comparaison, si notre planète entrait dans un Trou Noir, elle ferait un centimètre cube. Ca laisse rêveur oui. Pour en revenir à nos Trous d’Inflation, non contents de passer par une autre dimension afin de résoudre une probabilité quantique insoluble, la matière se comprime à l’entrée, puis rentre en phase d’Inflation à la sortie afin de garder son homogénéité et son isotropie, afin d’avoir un objet/vaisseau entier et semblable à celui du départ.
Bien que fantaisiste, nous avons ici une extrapolation de quelques théorèmes connus et reconnus, ce qui n’est pas pareil que le deuxième point : la barrière temporelle.
Dans Misaki Chronicle, la base des Guetteurs se retrouve en orbite autour de la lune, et la terre est ceinturée par une sphère temporelle divergente. Après quelques aventures, il apparaît que les pouvoirs de Misaki ont induit la formation de cet espace-temps annexe. A la fin de la première saison, Misaki « gèle » le temps de notre univers et en créer un autre, semblable, afin de le modifier à sa convenance. C’est ce que vivent Lyar et Marialate quand elles descendent sur Terre, et ce qui est expliqué par la suite quand l’on voit les deux côtés des deux univers séparés par la barrière marron : d’un côté le système Guetteurs/Lune/Terre et de l’autre le système Astéroïde d’Inflation/Antre des Guetteurs. Lors de son passage dans le Trou d’Inflation à la fin de la S1, la base se retrouve donc dans une autre dimension conçue par Misaki, en modifiant le point de sortie initial. De là, l’aventure suit un cours plus fantastique qu’autre chose, entre Misaki dédoublée et espace-temps réunifié. Après avoir vaincu Leblanc, la base des Guetteurs ressort dans le bon univers à proximité de la Terre, et le vaisseau de Lyar et Suzanna par le trou de Titan. Misaki s’occupant elle de maintenir fermé le Trou d’Inflation pour empêcher l’invasion des Goules.
La s2 est donc, hélas, un peu tirée par les cheveux d’un point de vue réalisme. Heureusement, cela n’enlève rien à l’idée de base qui est plutôt bien trouvée et original. Une idée de Schrödinger ?
Comments are closed.