Evangelion 2.22 : You Can (Not) Advance.

Titre austère sans jeu de mot particulier pour une fois, le ton du texte sera lui aussi résolument sérieux comparé au reste de la production de ce blog. Allez, séchez donc vos larmes !

Après sa sortie en DVD/BR le 26 mai de cette belle année, et divers diffusions européennes qui auront valu aux plus chanceux une versions sous-titrée (certes pas forcément d’une qualité irréprochable, du à un renfort abusif de Shinji-kun et autres Misato-san fort mal venus, mais l’effort était la), il y a eu quelques rapides articles, que d’aucuns placeront au rang de tweet plus long, pour parler en France de cette seconde mouture du projet Rebuild. Nous allons donc tenter, je dis bien tenter, de discuter du 2.22 en long en large et en travers, à grand renforts d’impressions personnelles et de dissertations sur le film, ainsi que de divers retour de discussions que j’aurais pu avoir durant ces 8 derniers mois (principalement avec ces messieurs Sonocle, Rukawa et Tetho, pour ne pas les nommer). L’ouverture de la page va donc vous exposer fort obligeamment à du spoil, et ne convient absolument pas à ceux qui n’auraient pas vu le film. Dur vie, mais il faut savoir faire des choix.

En préambule, je signale que je ne reviendrais sur le premier film que pour parler de ces liens divers avec le second, et non pour en parler avec une verve quelconque. D’autres l’ont fait avec grand plaisir. Par ailleurs, il se peut parfaitement que des erreurs stupides se soient glissées dans le texte, n’hésitez pas à m’en faire part.

La sortie de ce nouveau Rebuild a été, pour le moins, furieuse. Les gens s’époumonaient à qui voudrait bien les entendre que la fumisterie était encore la, qu’Anno se  payait notre gueule, que le matériel de base avait disparu et que tout cela n’était qu’un vulgaire immondice indigne d’exister ; tandis que d’autres louaient le Seigneur et Maitre sans manquer de placer le plus d’hyperboles possibles dans le moins de lignes possibles. Manque de chance pour les premiers, les chiffres auront de base prouvés le contraire. Les chartes sont formelles, ce fût un succès commercial auprès du public. Certes, succès commercial ne veut pas dire bon film, mais le public a, en tout cas, répondu présent que ce soit pour se bouger au cinéma ou l’acheter par la suite. Comme toujours, ce genre de propos légèrement engagés aura trouvé sa voie royal sur internet, notamment dans le puits sans fond qu’est 2Chan (l’équivalent japonais du 4Chan américain, à tout les niveaux). Me voila donc contraint de répondre brièvement à ces personnes par une invective pour le moins douteuse mais très imagée : vous avez grave de la merde dans les yeux. Je ne m’emporte pas ici pour des broutilles rigolotes telles que « le film c’est pas pareil que la série », vu qu’il s’agit d’une autre version, ou « les personnages c’est pas pareil que la série », vu qu’il s’agit d’une autre version, ou encore le vibrant « les évènements c’est pas les mêmes que la série », vu qu’il s’agit d’une autre version, mais tout simplement sur le faite que, toute proportions gardées, ce film en tant que tel est un bon film, une bonne suite et en même temps un excellent prélude destructeur à la suite.

Hurricane.

L’ouverture du film nous lance directement dans l’action, comme si nous avions quitté le premier volet hier. Dans la base de Béthanie, le nouveau pilote de ce film, Mari Illustrious Makinami, se retrouve aux prises avec un ange. Levant le voile sur l’un des « mystères » du 1.11, la confrontation avec le 3ème ange se veut un aimable préambule, mais pourtant lourd de sens. Chanson guillerette afin de s’armer de courage et désir implacable de battre l’ennemi, elle en viendra à bout en quelques minutes après le sacrifice de son Eva. Quant à son ennemi, il écope de cette forme du faite de son emprisonnement dans le pergélisol (plus connu sous son nom anglais : permafrost) puis de sa décongélation forcée et des expériences menées dessus, ce qui laisse supposer que l’action se déroule prêt du cercle polaire arctique en Sibérie (de plus, les textes des écrans sont en russe). Kaji, qui parle en anglais, s’enfuit aussi durant cet évènement avec une mystérieuse mallette qui rappelle formellement celle contenant « adam » dans la série. Sans transition, nous nous retrouvons devant une seconde scène clef : Shinji et Gendô au cimetière ou est enterré Yui. Alignement de tombes anonymes, « croix » copies conformes les unes des autres. Une terre dévastée hantée par la mort, comme le reste du monde présenté dans cette itération.

Retour à la capitale Tokyoite avec Misato et alerte d’une attaque en chemin nous font saliver devant la très attendue arrivée d’Asuka Shikinami Langley. Itano Circus purement fanservice face au septième ange, un Rider Kick en sus et c’est l’annihilation très rapide de l’adversaire. L’Ace de l’europe est dans la place et il faudra compter sur elle. A partir de là, nous allons suivre de nombreux développements des personnages, une présentation de l’univers global de la série d’une manière plus poussée que lors du premier film (l’état de la terre via le centre de retraitement des eaux, les moments de vies de Tokyo-III), des moments de détentes plus qu’appréciables après la débauche de violence précédente. Le mystère aura son lot d’ajouts également, entre la Clef de Nabuchodonosor amenée par Kaji et le voyage spatial de Gendo et Fuyutsuki vers la lune ou ils verront les travaux de l’Eva Mark-06 et Kaworu torse nu (?). L’arrivée du huitième ange, en conclusion à ces développements « pour le moment », voit la victoire de nos trois pilotes unis face à l’adversité. Le monde est beau et gentil, tout va pour le mieux jusqu’à ce que survienne le shift de l’écran noir de la série, ici véritable levier entre les deux parties distinctes (encore plus que dans le premier volet), juste au moment ou les actions de Rei allaient mener à quelque chose.

Tout s’accélère pour amener à la confrontation avec le redouté neuvième ange, parasite qui prend possession de l’Eva-03. L’ambiance devient dramatique, lourde, poisseuse. Les caractères de chaque personnages clachent les uns contre les autres, avec une relative note d’espoir à chaque fois, marque de fabrique de ce You Can (Not) Advance. Face à une force brutal et à la résignation de Shinji à ne pas être un soldat, un meurtrier, le Dummy System s’enclenche et débute le premier vrai carnage de la saga, sur une musique d’écolier japonais, Kyou no Hi wa Sayonara. Malgré le faux semblant entretenu quelques temps, Asuka se retrouve bel et bien à la place de Toji et se fait littéralement croquer par l’Eva-01. Enchainement sur une autre scène clef, ou Shinji laisse libre court à sa fureur et affronte publiquement son père et la Nerv en s’attaquant au QG. Relevé de son rôle de pilote, il laissera un peu de temps d’antenne aux autres personnages afin de préparer la venue du 10ème ange, toujours plus brutal. Le combat dantesque, long d’une bonne vingtaine de minute, verra s’enchainer les moments de bravoure, entre la bestialité de Mari, le sacrifice de Rei et le retour de Shinji, jusqu’à ce qu’il déclenche ce « Presque Troisième Impact » pour sauver celle qu’il aime.

Générique puis promesse de lendemains remplis de vaselines avec l’ami Kaworu, histoire que les fujoshi puissent s’éclater en attendant la suite, dommage pour les autres. Ou pas.

There will be blood.

C’est en très gros ce que l’on pourrait résumer de l’action qui se déroule dans ce second film. Les écrans de fumés symboliques propres à la série pleuvent à tout bout de champ, laissant planer un léger doute sur la clarté annoncée de ces nouveaux films par Anno. Tempérons quand même le propos en n’oubliant pas qu’il ne s’agit que du second sur les quatre.

En attendant, l’univers gagne énormément en profondeur. Au premier plan, notons le passage rapide au pôle sud de la fusée de Gendo et Fuyutsuki, qui montre l’état des lieux après le second impact. L’explosion cataclysmique offre encore des marques clairement visibles avec ce cercle rougeâtre (et ces points de sutures, comme si la planète cherchait à panser sa plaie), qui se retrouvera à la fin du film quand Shinji en sera presque venu à déclencher le troisième. Tokyo-III et les zones alentours gagnent aussi en profondeur. On y voit une société résolument moderne : le système de monorail (notamment la scène de rencontre entre Kaji et Shinji), les panneaux solaires géants, les fameux buildings qui se cachent sous la ville durant les attaques, les systèmes de défenses lourds (que ce soit les batteries de missiles, chars ou les panneaux de course durant le combat contre le huitième ange) prévus pour assurer la défense. De même pour le QG de la Nerv, qui garde bien évidemment sa passerelle de combat mythique, mais aura droit à quelques plans bonus des locaux : le bureau de Ritsuko, la cafétéria qui ressemble à un Mall américain, le petit coin buvette repris de la série, le « central dogma » ou est entubée Rei, avec des couleurs plus proches d’une aquarelle qu’autre chose qui tranche avec le reste du film.

L’armement à lui aussi pris du galon. Asuka se retrouve avec deux Progressive Knives et un « lance pique », pendant que Mari aura une lance, ainsi qu’un espèce de pic à glace pour perforer l’AT Field du 10ème. Les batterie de missiles ont gagnés des tourelles diverses, sur terre et sur mer, les nombreuses flottes de bateaux durant l’attaque du 7ème ange tranchent aussi résolument avec le coté old school qu’on leur prêtait dans la série (rappelez vous l’épisode 8 « Incroyable que de telles antiquités flottent encore »). Sans parler bien évidemment des systèmes de défenses aériens et spatiaux, visibles notamment durant le combat contre le 8ème ange. Tout cela offre un coté bien plus global au conflit, même si les attaques sont toujours concentrées sur Tokyo-III, que durant la série. La disparition de l’Eva 04 est très clair, avec un plan montrant l’onde de choc sur les USA, puis le transport de l’Eva 03. La cuve ou est entreposée l’Eva 01 en réparation est aussi très intéressante d’un point de vue techno-science, ou l’on a l’impression de voir une table de scanner mais à taille Eva, avec des anneaux rotatifs (énergie magnétique, cinétique ?). Le dialogue à ce moment la pointe aussi ce fameux nouveaux Traité du Vatican, qui impose aux pays du monde entier de n’avoir que trois Eva fonctionnelles en même temps (ce qui explique la congélation de l’Eva 02 et le retrait de son Core). Ce pan d’une humanité concernée par le combat avec les anges est ainsi bien plus mis en avant, notamment avec la base de Béthanie au début, contrairement à la série ou nous avions surtout comme point de repère les membres de la Seele qui venaient de divers pays. Ce qui n’empêche pas pour autant de voir les factions se tirer dessus les unes les autres d’une manière bien plus claire que dans la série. L’Homme est (toujours) un loup pour l’Homme.

En clair, on rentre en profondeur dans ce nouvel univers, à contrario du premier film et de son storyboard calqué en grande partie sur la série, qui avait donc le désavantage d’offrir peu de possibilités à ce niveau.

Beauty and the beast.

Avant d’aller plus en avant dans l’exploration du film, j’aimerais revenir un peu sur l’habillage général de ce second opus, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

La composition sonore du premier avait été quelque peu décriée pour son coté simplement remanié, ces nombreuses déclinaisons de mêmes morceaux et finalement son apport léger en terme de nouveaux morceaux. Ici, en plus de quelques reprises plus anciennes (notamment de Kareshi Kanojo no Jijo, manga dont la Gainax s’était chargé de l’adaptation animée), nous nous retrouvons avec des remix plus variés, et globalement plus sauvages. Que ce soit le thème de l’Eva 02 (renommé Ambassadrice Rouge), Beast, Decisive Battle, les pistes sont en accord avec la sauvagerie et la violence global des affrontements. Les thèmes des différents personnages sont pour la plupart dilués les uns dans les autres pour accompagner les moments de détentes du premier segment, en notant toutefois que divers modifications les remplissent d’une touche globalement mélancolique, comme pour indiquer la transition avec les beaux jours. Les nouveaux morceaux sont quant à eux séparés en deux blocs. Tout d’abord, les nouvelles compositions de Shiro Sagisu, empreintes d’une tension palpable, accompagnées de paroles répétitives et hautement prophétiques, de nombreux coeurs d’accompagnement. Le coté épique et dramatique ressort parfaitement durant les combats du second segment. Fate, In my spirit, The final decision (…), bien que largement inspirées par les morceaux qu’il a pu produire pour l’animé Bleach, ont ce petit quelque chose tout particulier qui leurs donne leurs juste place dans l’univers d’Eva. Ces divers thèmes se suivent les uns les autres pour arriver à former une cohésion symphonique assez puissante, pas encore au niveau des productions européennes classiques de la renaissance, mais on sent l’inspiration et le rendu donne plus d’un frisson. Les autres, au nombre de deux, sont des reprises de chansons populaires au japon. Kyou no Hi wa Sayonara que nous avions évoqués plus haut, ainsi que Tsubasa Wo Kudasai, vieux standard datant des années 60 (vous aurez noté le Ultraman, preuve encore une fois de la passion d’Anno pour les Tokusatsu ; par ailleurs, je ne retrouve plus une vidéo d’une émission TV des années 70 ou elle était interprétée, si d’aventure), toutes deux fortement imprimées dans le patrimoine culturel japonais du vingtième siècle. Pour la petite anecdote perso, que je me sens obligée de balancer au milieu, il s’avère que pour une fois mes maigres connaissances en culture jap m’auront servit vu que je connaissais déjà Tsubasa, et bien que le sentiment induit ne soit catégoriquement pas le même que pour un japonais, j’ai été très ému. Brayf, après ce léger étalage, nous conclurons simplement en disant que la piste sonore est excellente à tout point de vue, portant les scènes et leur donnant une profondeur peu égalée dans ce genre de productions.

Niveau graphique, si le premier avait fait fort, le second enfonce le clou. L’animation est fluide et bien rendue, la retenue des scènes « de vie » est très présente et bien maniée, et les scènes d’actions ne sont que débauches orgasmiques continues. Il n’y a pas de baisse de rythme durant ces 114 minutes, et malgré certains commentaires sur LA scène de ville ou une foule est animée en 3D de manière un poil visible, on ne peut décemment pas dire que l’animation est mauvaise. La 3D cel-shadé est parfaitement intégrée et ne jure pas avec l’ensemble, bien que l’on aurait à redire, malgré le faite que personne n’ai a ma connaissance fait la remarque, sur certains plans du combat final en décalages les uns par rapports aux autres durant la partie avec Mari. Les backgrounds sont de toute beauté, offrant des vues splendides de ce japon perpétuellement en été, et donnent un rendu léché qui ne peut que plaire. Il suffit de remarquer les petites variations d’atmosphères lors du levé du soleil sur la ville, ou les plans des collines à travers les vitres, pour se rendre compte du soin tout particulier apporté à l’ensemble. Les plans parfaitement maitrisés de la seconde partie instillent leur ambiance sombre sans ménagements aucuns, que ce soit le monologue de Misato qui tente de retenir Shinji ou sa confrontation avec son père. On retrouve la la patte si particulière qui avait donné ses lettres de noblesses à la série d’un point de vue cinématographique (avec une mention ©Fanboy sur les pieds de Shinji devant la porte de la maison). Ceux de la première partie offrent quant à eux des scènes pour le moins plaisantes et rigolotes, en accord avec l’atmosphère détendue et festive du morceau. Nous n’iront pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un sans faute, mais le boulot est plus que présent.

Heroes.

L’un des points les plus intéressants de ce film est bien entendu l’évolution et la personnalité de nos héros en devenir. Source de conflits pour le moins stériles, preuve d’un changement drastique des idées du réalisateur, ils n’auront, encore une fois, pas laissés indifférents. Voyons un peu ces changements.

Le cas Mari.

Véritable héroine au sens noble du terme, sa première apparition la vois confrontée au 3ème ange. Elle monte son Eva-05 à « quatre pattes » armée de sa lance, pourchassant l’ange squelettique à forme de lézard, voir de dragon dirons certains, à travers les dédales sinueux de la base de Béthanie aux noms évocateurs de la mythologie Grec (Styx, Cocytus, Acheron..). Après sa victoire, une simple phrase laisse sous entendre qu’elle en sais beaucoup sur le fond du conflit apparent entre Seele et Nerv, sur les Eva et sur tout le bordel ambiant. Sa seconde apparition nous la montre arrivant au Japon, s’écrasant poitrine la première sur notre pauvre Shinji. Elle ne manquera pas de lâcher une phrase taquine à celui ci, le traitant de chiot de la Nerv, avant de disparaitre pour un moment. La troisième et dernière fois, elle s’empare pour une raison encore inexpliquée de l’Eva 02 scellée et la réactive. Notons qu’a ce moment précis, en toute logique, l’Eva n’a plus de Core et ne devrait donc pas pouvoir bouger. Comment elle y arrive reste un mystère de plus à créditer au personnage : simple humaine ou bien bien plus ? Nous verrons surement cela dans la suite. Elle offre un combat féroce, faisant armes égales avec l’ange et activant le mode The Beast qui enlève toutes limites humaines à l’Eva, la renvoyant à un état primaire et sauvage. Bien que ces apparitions soient rapides et violentes, elle garde toujours ce coté victorieux et héroïque cité plus haut. Se tenant fièrement debout après avoir achevé le 3ème ange, continuant le combat coute que coute contre le 10ème malgré ces sévères blessures, elle arrivera finalement à instiller le courage nécessaire à Shinji pour le faire redémarrer sur la fin. Ce point tout particulier offre aussi un aperçu de son humanité, bien présente malgré ce qui nous est offert. La sauvagerie affichée de Mari, gros contraste avec sa dégaine de meganekko affriolante, est un point de plus à lui créditer, renvoyant aux oubliettes les pauvres itérations de ce genre de personnage. Tout les futurs restent possible pour elle, et le pourquoi d’une telle personnalité, outre le fun immanquable, est encore un peu mystérieux. Il est clair qu’elle est douée, têtue et qu’elle dispose d’un certains soutient (mais de qui ? Surement pas la Nerv, donc peut être la Seele, ou une autre organisation inconnue ? Le doute reste permis à ce stade) en plus de capacités qui défient pour le moment toutes logiques.

Asuka, Ace of Ace.

Deuxième « nouveau » personnage de ce film, Asuka était plus qu’attendu par les fans de la série en tout genres. L’égérie rousse nous fait un démarrage en trombe digne de son apparition TV, bien qu’il manque hélas une cape. Mais directement après un premier point diverge, et non des moindres. Elle s’en prendra inévitablement à Shinji, mais non pas pour ses capacités de pilote ou sa mollesse habituelle, mais simplement parce qu’il n’était pas préparé pour l’attaque. Une faute qu’elle jugera inqualifiable. On passe d’une Asuka décidée mais insouciante à une Asuka concernée par ce qui pèse sur ses épaules, plus dans un ordre de « soldat » que de pilote par défaut. Les divers piques qu’elle pourra lancer seront d’ailleurs globalement plus tournée vers le faite qu’elle a du bosser pour avoir sa place, au contraire de Rei et Shinji (de son point de vue tout du moins). Du faite de sa précocité, elle sera bien évidemment dotée d’un caractère solitaire, et son arrivée chez Misato et à l’école ne se fera pas sans bruit. A deux reprises nous la verront observer en coin Shinji et Rei. Tout d’abord au centre de retraitement, avec un dédain clair pour leur relation, puis à l’école, ou elle aura cette fois une légère expression d’exaspération, comme si cela la dérangeait. Finalement, après le combat contre le 9ème ange, elle en viendra a admettre que ses alliés sont importants, rentrant dans le jeu de Rei pour faire la cuisine à Shinji et allant jusqu’à passer une nuit dans son lit, scène croustillante s’il en est ou elle tentera de mieux cerner son coéquipier. Il faudra attendre le shift et le moment ou elle devra monter dans l’Eva 03 pour avoir son monologue crucial avec Misato, ou elle expliquera que, malgré son caractère, elle apprécie passer du temps avec des gens de son age.

Cette nouvelle Asuka est donc bien différente de l’ancienne. Malgré le poids qui pèse sur ses épaules, elle tentera de tenir bon, jusqu’à se laisser un peu aller à des sentiments plus simples et plus humains au final. En note personnelle, j’ajouterais même qu’elle a, quelque part, le même schéma que Gendo, mais que sa jeunesse lui permet justement de changer sa manière de voir le monde et de ne pas s’enfermer dans un Ouroboros infernal. Elle reste foncièrement antipathique envers Shinji et Rei, ayant du mal à comprendre leurs schémas de pensée, mais aura aussi ses petits moments de doute et de recherche de réconfort et d’acceptation. Une femme peu amiable au premier abord mais qui offre des bons cotés avec le temps. Son évolution dans la suite est particulièrement attendue, car tout reste possible après le choc qu’elle a reçu.

Rei « double sourire » Ayanami.

Après l’avoir laissée tout sourire à la fin du premier film, sauvée par Shinji, nous retrouvons Rei en grande forme. Taciturne, non concernée par le monde extérieur, il faudra tout le film pour la voir changer, et quel changement ! Après le passage au centre ou elle acceptera de manger en compagnie des autres, elle aura des mots de remerciement pour Shinji qui lui aura préparé un repas à l’école. Acte dont elle ne manquera pas de s’interroger. C’est au cours d’un repas avec Gendo qu’elle aura l’idée d’en organiser un pour tenter de réunir père et fils, les deux hommes pour qui elle éprouve quelque chose, au final. Plan gratuit d’une Rei yandere avant de la voir s’atteler à la délicate tache de faire la cuisine, surtout quant on sait qu’elle n’a aucune quelconque idée de la chose. Dès cet instant, tout bascule : elle se montrera plus qu’ouvertement attirée par Shinji. Bien qu’ayant évidemment du mal à définir cette émotion, moment magnifié dans la scène de l’ascenseur entre elle et Asuka ou elle arrêtera la gifle de cette dernière, en clair déni de son statut de « poupée organique », la main couverte de coupures de couteaux marquant son implication profonde dans ses actes, elle offrira peu à peu ce nouveau jour d’une Rei aimante, à sa manière. Lors du départ de Shinji, nous la voyons arpenter les rues de Tokyo-III, l’air un peu perdu, finissant par découvrir le baladeur de Shinji et le ramassant pour le conserver. Son attachement pour lui explosera au grand jour durant l’affrontement contre le 10ème, ou nous la verrons foncer tête baissée armée d’un missile pour détruire l’ange, le baladeur au coté. Sa volonté de sacrifice, magnifié par sa voix qui montera anormalement haut (presque un cri), étant clairement pour aider la personne qu’elle aime, pour ne plus qu’elle souffre. L’acte est certes plus évident que dans la série TV, mais pas moins poignant (moment ou elle fait exploser son Eva face à Armisael dans la série).

Finalement, encore une fois à rebours de la série TV, nous avons la un personnage taciturne et introvertie de par son essence même qui arrivera peu à peu à développer ses sens humains et son cœur. Le processus sera long mais pas moins touchant, et ce malgré les épreuves qu’elle aura a affronter.

Shinji : Total Badass.

Notre petit Shinji aura quant à lui bien mérité son sobriquet. Nous aurons plusieurs aperçus, au travers de scènes clefs (le cimetière, la nuit avec Asuka) de son état émotionnel tiré du premier film et de sa lente, voir non, évolution. De ce film, il garde un attachement tout particulier à Rei, cherchant le contact, l’entraide, les sentiments. Il cherche à faire évoluer à sa manière cette personne pour qui il éprouve quelque chose de fort. Les petits moments d’attention, comme au centre de retraitement, ou le repas en classe, sont balancés gentiment au milieu du film, s’intégrant finement aux scènes sans jurer. L’union du trio pour vaincre le 8ème ange va, hélas quelque part, lui faire réaliser que son père, malgré ses nombreux dénis, compte beaucoup pour lui. Son rôle de pilote étant plus mu par un désir de plaisir et de reconnaissance de Gendo qu’autre chose. Lors de l’affrontement contre le 9ème, il se trouvera d’ailleurs subtilement en porte à faux entre ce désir et la réalité en face de lui qui lui impose de faire un choix. Nous aurons d’ailleurs droit à une de ses scènes mythiques de train, plongeon dans la conscience du personnage, ou il cherchera une manière d’échapper à se problème de conscience. Pour autant, voir son père sous un autre jour va aussi grandement le faire changer, l’amenant à se rebeller ouvertement contre lui, comme tout adolescent de cet âge, en attaquant le QG de la NERV et en proférant des menaces et insultes à son encontre. Il retombera dans le piège de l’échappatoire facile avant de se retrouver encore une fois confronté à son anti-thèse, Mari (un autre acompte au crédit de « Mari Héroique »). Il va finalement décider de ne plus se laisser aller ainsi et prendre ses responsabilités, cherchant le face à face avec son père. Lui redonnant, voir lui imposant, son autorité parentale et ses responsabilités, il va reprendre son rôle de fils et faire ce qu’il lui dit. Gendo assistant au combat, l’assistant comme un père surveille son fils, nous amène peut être à une évolution du personnage. Son acte final, pétris d’égoïsme primaire, véritable relâchement de son barrage mental qu’il s’était formé pendant des années, ne peut donc que prendre des proportions gargantuesques. Misato en mère transitoire qui lui hurle son soutient est aussi un écho aux actes précédents.

Concrètement, le personnage de Shinji est vraiment bien construit et suis en filigranes l’évolution même du film, non seulement au niveau ambiance (première partie enjouée/Shinji content, seconde partie sombre/Shinji déprimé), mais aussi dans les actes mêmes qu’enclenchent les évènements, généralement ponctués par les combats. Les anges perdent ici leur statut de monstre de la semaine du faite du format, mais leur potentiel en tant que levier psychologique n’est absolument pas atténué, pour finalement arriver à un stade divergent de la série TV.

The End.

Nous voila à la fin de l’article, pour parler rapidement des impressions personnelles. Si cela vous ennuis au plus haut point, vous pouvez passer directement aux commentaires pour m’insulter copieusement.

Concrètement, la première chose qui m’a impressionnée dans ce 2.22, c’est la construction cinématographique. Que ce soit au niveau du film en lui même, qui est très bien scénarisé, monté et se déroule avec souplesse devant le spectateur, ou au niveau même des scènes qui frôlent l’excellence (ou qui l’atteignent selon le degrés de fanboïtude). En second lieu, les musiques, que j’ai vraiment trouvé excellente et supportant le film avec ingéniosité. Frissons et larmes étaient au rendez vous en combinant ses deux points.

L’animation ne m’a, étonnamment, pas surprise. Je m’attendais au top, et c’est ce que j’ai eu, donc rien à rajouter.

L’évolution des personnages a été un choc peut être moindre, du faite que je ne partais pas du tout dans une optique de retelling de la version TV (le premier m’ayant, de facto, beaucoup plus gêné à se niveau). Le format impose par ailleurs des coupes sauvages dans l’intérêt que l’on peut leur porter, amenant par exemple Tôji et Kensuke à des rôles de gimmick comiques sans plus d’intérêt ; les techniciens de la salle de contrôle de la NERV n’étant quant à eux que de simples visages et voix différents. Le rythme du film était par contre bien mieux géré, même si on peut se plaindre de la relative vitesse des évènements, que sur le premier. Le résultat en étant cette évolution de l’univers de base qui est pour le mieux (sinon il y aurait peu d’intérêt finalement), et la place que viennent fondamentalement prendre les personnages introduits (Mari et Asuka certes, mais aussi Kaji, ne l’oublions pas, qui aura même droit à une scène bonus sur la version commercial).

Quant au possible « message » laissé par Anno, il y a eu quelques discussions sur le sujet, le consensus se tournant vers un revirement de ce que proposait la version TV. En lieu et place d’un Shinji apathique qui se laisse porter par les évènements, en bon otaku, nous aurions la une version inverse qui se décide à se prendre en main. Je ne suis personnellement pas en total accord avec ce point pour deux choses. Premièrement parce que la relation shinji = otaku n’a, pour moi, d’intérêt que pour le public japonais, et deuxièmement parce que son évolution suis une courbe relativement logique du développement d’un adolescent. Se délestant du lourd bagage TV qui montrait une humanité totalement perdu, nous avons ici au contraire une volonté constante de redressement, d’abjuration face à la folie de l’homme et de ce qu’il fait de la science. En somme, de la récupération de son Humanité.

Est ce vraiment pertinent à l’aune de la moitié du projet ? Même s’il est clair que cette version cherche quelque part l’opposition avec l’ancienne (d’ou le faite que je ne sois pas non plus en total désaccord avec ce qui est dit plus haut), il faudra voir ce que propose le 3.0 pour se faire une idée concrète et sûr du sujet.

PS 1 : Sous l’acronyme 2.22, j’englobe toute itération passé et présente du film au moment de la création de cet article.

PS 2 : Les livrets fournis avec les éditions DVD/BR japonaise du film nous indiquent que la base de Béthanie se situe bel et bien en Sibérie.

PS 3 : Les personnages secondaires et les anges sont in-abordés à dessin, du faite que des réflexions sur eux sont intercalés un peu partout dans le texte. La taille déjà conséquente de celui-ci et le faite que je déteste me répéter ont amené au choix de ne pas leur dédier de section. S’il s’avère que le sujet nécessite finalement une place plus conséquente, je ferais un autre article dessus.

6 Responses to “Evangelion 2.22 : You Can (Not) Advance.”

  1. Fapfapfapfapfap.

  2. Tabris dit :

    « malgré que personne » c’est moche comme faute !

    Pas un mot sur la théorie du reset, abordée ça et là sur le net, et dont certains indices dans les deux films laissent croire à cette possibilité ? ou à un gros troll de Anno au choix…

    Et en tant que gros fanboy d’Asuka, ce qui m’a particulièrement botté, c’est son apparition dans la preview du 3 avec son eyepatch :D grosse classe !

  3. Aer dit :

    Je t’avoues que je n’ai pas vraiment d’idée sur le sujet. Pour le moment le seul point qui me fasse penser à ça c’est la phrase de Kaworu à la fin, et bon ca peut être n’importe quoi.
    (les conneries comme la mer rouge ont été balayés, c’est établit dans le second que les océans étaient bleus avant le second impact)

    Zali : splurtch.

  4. ChaosLink dit :

    Long article is loooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooong!

  5. Tinky dit :

    Article de qualitay.

    Zioupla, va falloir que je lurke plus souvent.

  6. Aer dit :

    J’en ferais pas des comme ca pour tout les anime ~~.
    Après, vu la vitesse de prod, tu peux passer une fois par mois tu seras pas a la traine.