La première lecture.

La première lecture d’une œuvre, c’est le premier pas dans la découverte. Lorsque l’ont franchit les portes du mystère pour tomber dans l’inconnu, l’expectative. On entend souvent dire qu’une œuvre doit être compulsée plusieurs fois, pour en tirer tout le sel, arrivé à comprendre les ultimes tenants et aboutissants. Pourtant, il arrive qu’on tombe de haut en observant les réactions de certaines personnes face à des supports divers et variés. Là ou l’incompréhension fait place à l’illumination, l’on se retrouve en face d’un intérêt poli, limite gêné. A la vérité, le Spectateur peut être rangé dans deux grandes catégories.

L’émotif.

Malgré un nom à lourde connotation, il s’agit ici de la catégorie la plus répandue. L’émotif est une personne qui va, au contact d’une œuvre, se laisser totalement submerger par les sentiments que celle ci provoque. Les causes sont divers et variées, pouvant partir d’une simple envie de se changer les idées, découvrir quelque chose de nouveau sans forcément s’imposer un questionnement aigu. Nous dirons qu’il s’agit ici d’une tournure d’esprit relativement commune à l’humain. Les conséquences sont tout aussi différentes, allant d’un simple « je kiff » sur un forum pour en arriver à ce qui est dépeint dans Le Syndrome de Stendhal de Dario Argento.
La plupart des personnes ayant un sens critique, elles se retrouvent souvent en conflit avec elles même. Comment aimer quelque chose dont l’on connait parfaitement les lacunes ? On parlera alors de Nostalgie pour décrire ce sentiment bigarré qui fait adorer une série comme Dragon Ball et détester Naruto.
Attention cependant à ne pas faire la liaison émotif  =  passionné. Il l’est fatalement, mais ce n’est pas le seul.

L’intellectuel.

L’autre « grand » groupe est cependant beaucoup plus restreint. L’intellectuel est une personne qui va chercher avant tout à analyser ce qu’il observe. Il sera certes lui aussi sujet à l’émotion diffusée, mais il va l’incorporer dans le schéma d’ensemble d’une œuvre, lui attribuer une place, et ne pas se laisser détourner du reste. C’est lui le premier qui va définir quasi mathématiquement une œuvre, en se dégageant de ce qui pourrait parasiter son analyse. Il s’agit là aussi d’une tournure d’esprit, une manière d’approche qui n’est pas plus nulle, plus dégradante, ou plus restreinte que celle du dessus. Elles sont simplement divergentes. Sur l’internet, vu que c’est ce qui nous intéresse en premier chef, l’intellectuel est souvent vu comme un troll en puissance. Il a les clefs pour décomposer, désacraliser ce que l’émotif va aimer. On pourrait dire vulgairement qu’il lui met le nez dans sa propre merde, mais le faite est qu’il n’y a pas de recherche de dénigrement. A vrai dire, sans l’intellectuel, l’émotif serait complètement soumit aux envies du créateur, n’ayant même plus sa liberté de penser.
L’intellectuel est lui aussi un passionné, qui cherche inlassablement à comprendre. Sa recherche perpétuelle d’une forme de perfection permet de faire évoluer la critique d’une œuvre, et donc d’en améliorer sa perception.

Peut-on passer d’une catégorie à l’autre ?

Oui, tout à fait. En règle général, plus une personne va s’intéresser à un support, plus il va développer de sens critique dessus. Un amateur de peinture aura plus de facilité à décrypter un tableau qu’un néophyte qui se balade dans une galerie d’art histoire de passer un moment sympathique. Un fan de rock saura discerner s’il entend une soupe imbuvable radiophonique ou un groupe qui a effectué de vraies recherches musicales. Un particulier qui passe ces samedi soir au théâtre saura fait la part entre une bonne pièce et une pièce médiocre. Pareil pour un fan d’anime, qui saura rapidement si il a affaire à une série sérieuse, ou à un « fastfood-service » situé en bas de l’échelle de l’intérêt.
Il est parfois agaçant de voir tant de personnes appliquer de rapides remarques acerbes sur la dernière série que l’on à apprécier : « c’était mieux avant » « ca ressemble à Ceci » « franchement, le scénar est bidon » « sympa sans plus ». Pourtant, ces personnes continuent inlassablement à engranger des débats, à faire réfléchir sur ce que l’on à vu, à définir si, oui ou non, « c’est vraiment de la merde ce que j’ai regardé ».
Dans le sens contraire, un intellectuel peut retomber en émotif pendant de courtes périodes. Quand il a une surcharge (professionnelle ou personnelle) qui ne lui permet pas d’appliquer ces capacités analytiques, il se laisse porter. Hélas, cela conduit souvent à une expérience amère, ne pouvant appliquer pleinement ce qui fait sa spécificité.

En conclusion.

Comme tout ce qui compose la vie, l’émotif et l’intellectuel sont les deux faces d’une même pièce. Ils sont pluralité et unique. Il y a souvent un fossé entre les deux, et pourtant ils finissent toujours par s’entendre. Une bonne dose de respect de part et d’autre permet de faire un lien profitable à tous.

M’enfin pas trop non plus, c’est bon de troll.

————————————————-

Aucun rapport, mais je vous enjoins tous à voir cette vidéo. Une Ode aux SHUMPS par HardCore Gaming 101 (lien à droite !).

One Response to “La première lecture.”

  1. Dunya dit :

    Très bon article, qui a si bien expliqué ce que je tentais moi-même de t’expliquer si maladroitement (quelle ironie xD)

    Je suis à 99% émotive, j’ai vraiment du mal à voir de façon intellectuelle une oeuvre (qu’importe quel type d’oeuvre, musique, anime, manga, livre, peinture), et j’envie beaucoup ceux qui peuvent passer de l’émotif à l’intellectuel sans problème. Cela permet des visions multiples de l’oeuvre, et de l’apprécier de façon bien plus globale qu’en ayant une sens façon de la voir (l’oeuvre).

    Tu pointes un élément important pour l’intellectuel : le bagage culturel. Plus on se confronte à des oeuvres, plus on élargit ses connaissances, plus on acquiert des outils pour analyser.

    C’est du moins que je pense. Et je rejoins pleinement ta conclusion, décidément, j’ai dû lire ton article en mode « émotive » ! xD

    Dunya.