Médicament légal.

Pour continuer dans l’inauguration des catégories, on va s’attaquer aujourd’hui aux mangas, enfin, à un en particulier.

Un peu moche cette première couverture.

Lawful Drug (Médicament légal en français) est une série de CLAMP. Quoi, encore du CLAMP ? Eh oui, mais cette fois ci la série n’est pas si banal comparés aux archis connus X, xxxHolic, Tokyo Babylone ou Tsubasa. Parue en France entre 2003 et 2004 aux éditions Tonkam, il s’agit d’une série courte, toujours en « on going » (en cours) que ce soit par chez nous ou au Japon. A priori, les braves femmes de CLAMP ont autre chose à foutre que de poursuivre une série qui s’annonçait pourtant pas mal.

Les deux personnages principaux, représentés sur chaque couvertures, nous sont présentés d’entrés de jeu. Le jeune blondinet répondant au nom de Kazahaya Kudo, et le brun blasé Rikuo Ihmura. Alors qu’il était en train de crever lamentablement de froid sur un trottoir un soir d’hiver, Kudo se retrouve embarqué par Ihmura. Celui-ci l’amène aux seules personnes qui pourraient lui procurer un toit et des vivres, les deux gérants de la pharmacie Midori, Monsieur Kakei et Saiga. On découvre rapidement que Kudo est un jeune homme plutôt hyperactif, prompte à la détente et aux répliques ; alors qu’Ihmura est une personne calme, presque froide. Ce duo atypique se retrouve donc à travailler en tant que commis pour la pharmacie.

La première fois que je vois un kéfier aussi classe.

Après avoir fait les présentations, l’aventure démarre directement en nous plongeant dans ce qui va rythmer leur quotidien nocturne. Kakei s’occupe de faire le lien entre divers commanditaires, et nos deux antihéros se retrouvent à faire des extras pour lui, partant en quête d’objets divers, effectuant des missions de livraisons, ce genre de chose. Le début ferait presque Mission Impossible, jusqu’à ce que le premier engagement présenté commence. L’on s’aperçoit alors que Kudo maitrise un don de double vue, qui lui permet de voir des formes rémanentes de ce qui entoure un objet. Imaginons qu’il observe une veste, il pourrait apercevoir le visage de la personne à qui elle appartient, par exemple. Ihmura quant à lui possède un don de « destruction ».

De la, on pourrait s’attendre à une série de magiciens surboeuf à la X, avec baston dans les Kekkai (barrières magiques), destruction de buildings et tout le tralala. Mais justement non. Le don de Kudo est très succinct, ne lui permettant pas de voir trente six mille choses, et le pouvoir destructeur d’Ihmura pourrait au maximum faire sauter une serrure. Nous avons donc là une série au partie pris relativement original, ou la magie n’est qu’un support à la ruse et aux atouts humains des deux personnages. De faite, « l’action » est plutôt calme, limite bucolique. Discuter avec le fantôme d’une vieille femme dans une maison au fond de l’eau, attraper des lucioles avec une bouteille d’eau minérale, se retrouver projeter dans de doubles souvenirs à travers un écran de cinéma. On est loin d’un shônen basique remplis de monstres à dézingués et d’ennemis machiavéliques cherchant à conquérir le monde.

Elles trippent grave, oui.

On pourrait presque y voir un pré-xxxHolic tant l’action semble s’en rapprocher. Ceci dit, on plonge véritablement dans du fantastique au sens noble du terme, exit donc la mythologie typiquement japonaise. Point de renard d’eau ou de dragons qui vivent dans des tubes. En plus de ça, et malgré une traduction française agaçante (j’y reviendrais), l’on se rend compte que les personnages ingèrent nombre de substances psycho-actives, ce qui leur permet de développer leurs pouvoirs et d’accepter les divers expériences qu’ils subissent. On a donc toujours un doute entre l’effet potentiel d’un cacheton de LSD ou bien une véritable découverte de magie, de fantaisie.

L’autre versant de la série est son côté clairement Yaoï. Et c’est là que le tout devient génial. Les CLAMP sont assez connues pour verser là dedans, en témoigne X et ces personnages masculins tous plus gays les uns que les autres. On pourrait presque débattre du « les nanas aiment bien quand des mecs s’aiment ». Mais dans Lawful Drug, le Yaoï est utilisé à des fins burlesques. Comique de situations, quiproquos, le tout serre à donner de petites pointes de rires disparates entre deux aventures paranormales, ce qui fait d’autant mieux passer la pilule (oh oh oh) ! Exit donc les sous entendus lourds de sens, les types qui semblent encore coincé dans la question de leur sexualité alors qu’ils ont largement dépassés les vingt piges. Le Yaoï est frais, fin, et je soupçonne nos super nanas d’avoir pris grave leur pied à démonter méthodiquement tout un genre. Une critique saine et douce qui passe par le rire, quoi de mieux ?

Et le scénario dans tout ça ? Ben pas vraiment en faite. Les deux premiers tomes sont composés de scènes courtes qui se finissent directement, et le troisième est juste une grande mission dans une école. Il y aurait bien certains fils ténus, notamment en ce qui concerne le passé d’Ihmura, mais vu que la série n’est toujours pas continuée, impossible de savoir. C’est un peu dommageable, compte tenu de ce que l’on pourrait avoir, vu qu’on apprend finalement peu de choses des personnages.

Lawful Drug, en trois tomes, d’un cout relativement cher pour des mangas (merci Tonkam). Si vous aimez le paranormal et que vous souhaitez passer un moment de rire homoérotique comme dirait l’autre, alors foncez. Et puis… hein, quoi ? Ah oui, la traduc. Vous vous doutiez, quand même, que dans notre beau pays, les aventures de jeunes gens se défonçant la tronche pour voir des trucs chelous, cela passerait mal. Eh bien oui, parfaitement. Non comptant de changer quelques dialogues un peu trop prononcés, de coller un beau petit tag Avertissement à ce sujet en fin d’ouvrage, ils ont aussi modifiés certaines images. On voit donc nos héros avec divers snickers, mais aussi des twix et des carambar, en lieu et place de pilules divers zet variés. Avouez que c’est classe. Comme dans Bienvenue dans la  NHK, oui msieurs dames.

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